[Facil] Re: [Equipe LabCMO] Les communautés du logiciel libre face au marché et à l₼action publique

Valerie Dagrain vdagrain at free.fr
Ven 16 Juin 10:50:00 EDT 2006


Bonjour,

Je commente un brin ce texte publié en 2002 et toujours d'actualité.

Stéphane Couture a écrit :
> Bonjour à tous, 
> 
>   je viens tout juste de trouver ce texte, publié depuis 2002,
> qui me semble exprimer assez bien certaines tensions et controverses que
> nous retrouvons au Québec. C'est assez long, mais très intéressant, si
> vous avez le temps de le lire..
> 
> Les communautés du logiciel libre face au marché et à l’action publique
> 
> Extraits:
> Le mode de coordination libre qui régit la production se présente en
> effet, dans la théorie comme dans la pratique, comme alternatif à la
> coordination marchande : fondé sur le don-contre-don et la contribution
> volontaire, il exclut toute forme d’incitation directement financière.

La plupart des développeurs que je cotois, ne considèrent pas que c'est 
une alternative mais une légitimité (comprendre un modèle de travail) 
qui a décru au fil des dernières années.
De fait, c'est un faux-débat de dire que le libre se présente comme une 
alternative puisque pour ces personnes il y a une continuité et non une 
rupture dans leurs pratiques.

Nous assistons depuis quelques années à une extension du préfixe 
"alter". Cela a eut le mérite de lancer les débats sur des modèles et 
choix de sociétés.
Le terme "altermondialisation" a été abandonné progressivement, car 
posait une opposition dans le message là où il n'y était pas.

Actuellement, on parle plutôt de "solutions hybrides". A ne pas 
confondre avec du consensualisme mais afin de ne pas exclure des usagers 
par exemple. Ex: promouvoir des outils libres pour des plate-forme 
propriétaire et libres. Parallèlement, les associations du libre 
demandent à ce que les entreprises et l'état puisse souligner 
l'existence, le choix et la formation sur des outils libre ou ouvert 
(standarts et formats).

> Son développement et son succès amènent cependant certains de ses
> acteurs à en négocier l’insertion dans les structures marchandes
> existantes : l’élargissement de la diffusion des produits amène le
> besoin de méthodes de distribution autres que celles qui prévalent au
> sein des communautés de producteurs-utilisateurs, son implémentation
> dans les entreprises suscite des demandes de services associées aux
> produits libres, l’implication de grandes firmes dans le monde du libre
> engendre un certain nombre de réorganisations du modèle. 

Tout modèle qui s'élargit, change de mode organisationnel. Au delà d'un 
certain seuil c'est une autre échelle de modèle qui se met en place.

> Au final on
> observe aux périphéries du libre la genèse d’un grand nombre de formes
> hybrides entre « libre » et marché. Celles-ci peuvent être interprétées
> par les « puristes » comme une menace pour le mouvement, par de nombreux
> autres analystes comme le passage de l’âge militant à l’âge de raison.

Voici quelques points succints (il en manque nécessairement et quiconque 
peut en rajouter)

***les puristes
- peuvent se sentir dépossédés de leur message du fait de ce changement 
de taille, de public.
- une lutte isolée qui c'est aggrandi.
- des générations qui se succèdent et un constat que le message initial 
se dilue.
- des trolls médiatiques qui détournent des débats fondamentaux durant 
que des pans entiers de la Constitution sont minés au quotidien. Ces 
trolls et faux-débats n'étant qu'une *conséquence*.

***Les analystes considèrant que c'est "comme le passage de l’âge 
militant à l’âge de raison" crèent un faux-débats.
Cette phrase met inutilement en opposition le message initial des 
militants avec la raison.

Or, le message initial est encore plus d'actualité même si à l'époque 
les activités n'étaient pas aussi développé que de nos jours : 
élargissement des usagers grands publics, besoin de formations, 
interopérabilité, perennité des documents, lobbying adverse, entreprise 
du libre, services, espace public et internet, gouvernance et 
administrations électronique....
Encore plus d'actualité puisqu'un ecart-type se creuse tous les jours 
entre le message initial des militants versus le discours et les 
pratiques des individus. Conséquence: technophobie, manque de repère, 
recul des usages, déception, manque toujours de formation, sentiment 
d'inutilité...


***Cela crée de nouveau faux-débats, ex: "si on met du libre sur des 
machines à voter électronique, alors le vote sera transparent".
Or ici, ce n'est pas que l'outil qu'il importe de regarder mais le 
processus. Il apparait donc bien important que ces projets de sociétés, 
rassemblent autour de la table, des experts de tous bords et un pilotage 
  responsable.


Quant à l'informatisation des sociétés, de nombreux exemples montrent 
que certaines applications ne sont pas nécessaires, pertinents, faisable 
(les repas des écoles), exploitable jusqu'à menacer nos libertés 
fondamentales (identités numériques).
Ces limites étant en rupture avec nos imaginaires techniques... :-)


> ...
> 
> Dès lors qu’on considère qu’il s’agit d’un modèle efficace d’innovation
> du moins pour la production de certains types de produits, on peut
> envisager que les pouvoirs publics viennent en aide aux acteurs du libre
> afin d’une part de faciliter la transition de petites communautés vers
> des productions importantes, d’autre part de les aider à se protéger de
> la concurrence des firmes propriétaires

Là nous touchons le noeud du problème: le schéma est rompu si les 
pouvoirs publics sont absents pour garantir le soutien aux acteurs du 
libre.

On constate
1. une dérive du concept même de "service" et une redéfinition de cette 
notion de service par le milieu communautaire pour survivre (innovation 
sociale) plutôt que de revendiquer un service minimum.
Et ceci, par le seul fait de l'absence du soutien des pouvoirs publics.

2. Puis, du bénévolat pur et simple pour préserver l'intégrité du 
mandat, la non dépendance à des budgets ponctuels n'assurant pas la 
pérennité d'un projet....

Pour l'heure, nous sommes dans un non-choix voire un cercle vicieux: car 
si les associations trouvent des moyens de survivre par leurs activités 
bénévoles croissantes, cela arrange parfaitement les cordons de la 
bourse des services publics.

Je n'ai pas évoqué non plus, la perte de confiance des associations, 
tant vers certaine forme de dépendance envers les entreprises (pèse sur 
les projets voir le mandat) que la perte de confiance avec les services 
publics. Ce dernier qui fait accroitre encore plus le micromanagement, 
l'isolement, le manque d'échanges d'informations, la compétitivité, la 
crainte plutôt que:
le partage de ressources communes, l'échange, reconnaissance des 
spécialisations de chacun, référer d'autres organismes, la compréhension 
et porter de l'intérêt à ses services.

> http://www.melissa.ens-cachan.fr/article.php3?id_article=91




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