[Facil] Table ronde

[lacombe.s at free.fr]

Chers amis, collègues et curieux,


	Voici maintenant près d'un an que je côtoie les gens de Facil et je trouve que
ce sont des personnes de talents diversifiés et qui sont munis d'une expertise
de pointe, tant sur les questions des logiciels informatiques que sur les
questions de propriété intellectuelle. De plus, ils sont ouverts à la discussion
et ils sont animés d'une grande générosité.


	Aussi, je remarque que de nombreux intérêts amènent les gens à se préoccuper ou
à promouvoir l'appropriation collective de l'informatique libre. En voici
quelques-uns :


	- Se créer un emploi.

	- Accéder au code, parce que c'est indispensable pour le développement des
architectures logicielles.

	- Bénéficier du patrimoine de l'humanité, plutôt que de refaire sénilement le
travail qui se perd faute d'être partagé.

	- Participer au processus démocratique qui, par la gratuité des outils
informatiques, devient toujours plus effectif en favorisant l'égalité et la
liberté.

	- Éduquer ses congénères à être plus performant et plus prudent dans leur
recours à l'informatique. Plus généralement, faire comprendre et chercher à
connaître l'impact des nouvelles technologies dans les rapports humains et sur
notre environnement.

	- Touchant l'environnement, conserver et récupérer les ordinateurs "vétustes"
qui ne répondent plus aux exigences des nouveaux systèmes propriétaires.

	- Contrôler et créer un système informatique adapté à ses besoins et à son
goût.

	- etc.


	Pour ma part, je suis venu à l'informatique libre, comme plusieurs d'entre vous
le savent, pour en faire usage, mais également parce que je me préoccupe de
l'accessibilité au savoir dans son ensemble. En effet, selon moi,
l'accessibilité au savoir doit se faire en tenant compte tant des questions
juridiques (assurer un certain bénéfice aux investissements et voir à la
sécurité des individus et de la société), que des obstacles à la diffusion de
l'information et à l'éducation des individus afin qu'ils puissent acquérir un
savoir-faire, d'une part, économe en temps et en argent et, d'autre part,
capable d'élever leurs esprits à des spéculations nécessitant une plus grande
concentration. Ce sont là des préoccupations sur les conditions d'adaptation de
la civilisation humaine aux enjeux auxquels elle se trouve confrontés. Et
l'informatique libre peut, à mon avis, contribuer à trouver des solutions
originales à ces problèmes. Je vous propose deux exemples de projets qui
illustrent la force inusitée de la participation volontaire à des projets
collectifs au moyen de l'informatique : soit, d'une part, Debian, qui est une
institution d'un savoir-faire hors pair ; et soit, d'autre part, Wikipedia, qui
est devenu en peu de temps un haut lieu de connaissances élémentaires. Imaginons
maintenant que l'humanité s'inspire de ces structures organisationnelles pour
créer des institutions qui auront pour but de favoriser la santé de tout être
sensible, jouissant d'une indépendance suffisante pour ne pas se faire acheter
et puis démanteler par les corporations de l'industrie pharmaceutique, et
pouvant ainsi promulgués des soins à ceux qui souffrent de terribles souffrances
faute de pouvoir se payer les précieux médicaments. Nous n'en sommes pas encore
là et peut-être faudra-t-il encore beaucoup de temps avant que de telles
institutions puissent exister. J'ai donné les deux exemples de projets
d'informatique libre pour montrer l'existence d'une volonté chez de nombreuses
personnes à partager une partie de soi-même au bénéfice de l'humanité et pour
montrer qu'il faut garder espoir même si les institutions comme les université
occidentales se dégradent à vue d'oeil depuis qu'elles ont adoptées l'idéologie
de "l'économie du savoir".


	Dans ce contexte que peut faire une organisation comme Facil ? Comme je disais,
je suis attentif depuis quelques temps à ce qui se dit et ce qui se fait pour
promouvoir l'informatique libre. Or depuis un moment il y a une discussion sur
le forum de Facil à propos des lignes d'actions collectives à adopter. Il y a eu
beaucoup de bons points qui ont été soulevés, mais je ne les énumérerai pas ici.
Je voudrais seulement en souligner un qui pourrait être structurant comme moyen
d'action à plus ou moins long terme. Il s'agit de l'organisation d'une table
ronde avec des représentants des différents partis politiques de la scène
québécoise.


	À mon avis, si des sympathisants de l'informatique libre organise un tel
événement, il faudrait qu'il mise sur la présentation de projets - faciles - à
réaliser, peu coûteux et capable de donner une grande visibilité (aux logiciels
libres, on s'entend).


	Il est important de savoir aussi que les instances gouvernementales sont prêtes
à financer tous les projets qui peuvent bénéficier à la communauté du moment
qu'ils remplissent cette condition "sine qua non" : on doit démontrer que
l'entreprise pourra s'auto-financer une fois la subvention complétée.


	Pour donner un exemple de projet qui pourrait être réalisé, je prendrais celui
du cdrom de la ville de Brest qui offre une panoplie de logiciels libres à
installer sur un système propriétaire. Ne pourrait-on pas obtenir une subvention
pour faire imprimer quelques disques et les distribuer à la fois dans les écoles
et les bibliothèques et à la fois sur demande ? Ne pourrait-on pas en plus
proposer des ateliers d'initiation à ces logiciels dans les écoles et les
bibliothèques qui pourraient être financés à même leurs budgets de
fonctionnement ?


	Je sais que ces idées ne sont pas nouvelles, mais je crois que si on en
présente quelques-unes comme celles-là, certains partis politiques pourraient se
mettre à parler sur la place publique des logiciels libres - ce qui serait un
pas énorme - et certains d'entre eux pourraient même être en mesure de financer
de nouveaux projets.


	Pour ma part, ayant déjà participé à la réalisation de telles tables rondes, je
serais disposé à discuter avec d'autres sympathisants des logiciels libres sur
cette éventuelle rencontre. Et ceci, dans la perspective de sensibiliser et
d'informer nos futurs représentants aux avantages nombreux qu'il y a à
l'appropriation collective de l'informatique libre.


	Pour l'instant, je souhaite que le foisonnement d'idées qu'il y a sur cette
liste continue, afin de trouver des moyens concrets pour expliquer les questions
qui sous-tendent l'usage des logiciels libre et pour faire connaître ce
questionnement à la population.


Bien à vous,


Sébastien Lacombe