[FACIL] À propos des prises de position de FACIL sur le bilan des actions du gouvernement Marois sur le libre.

Cyrille Béraud cyrille.beraud at savoirfairelinux.com
Mar 10 Sep 09:22:36 EDT 2013


Bonjour Pierre-Luc,
Plus bas mes éléments de réponse à ton courriel argumenté:

----- Mail original -----
> De: "Pierre-Luc Daoust" <pierre-luc at pierrelucdaoust.com>
> À: forum at facil.qc.ca
> Envoyé: Mardi 10 Septembre 2013 04:08:02
> Objet: Re: [FACIL] À propos des prises de position de FACIL sur le bilan des actions du gouvernement Marois sur le
> libre.


> 1) Hormis le CELL, rien de concret n'est réalisé après un an. Je
> travaille dans le secteur public, je crois qu'on s'entend sur le fait
> que ce n'est pas parce qu'un comité ou un groupe de travail est formé
> qu'un projet va nécessairement se réaliser. Ces comités sont
> d'ailleurs
> souvent une belle bullshit pour calmer un groupe de pression.

Le CELL est la pierre angulaire du dispositif, c'est une décision structurante qui a été prise à la fin du printemps. Le centre dispose de réels moyens : nouvel espace, une équipe très déterminée et une vision forte. Il s'est mis en place pendant l'été et commence véritablement son travail maintenant. C'est vrai que le temps dans le gouvernement peut paraître lent mais la fonction publique c'est plus 80000 personnes qui est lente à bouger. Mais 4 mois pour faire ça, c'est pas si mal. Je rajouterai sur ce point que la vraie difficulté n'est pas dans le fait de créer des structures ou des lois, mais dans la politique de changement: la matière première dans cette affaire, ce sont des hommes et femmes. Et ça c'est beaucoup plus difficile. Je rajouterai que la création du CELL a des effets psychologiques - symboliques - forts. C'est un message pour tous les Ministères/Organismes et il complète la loi 133 qui donne obligation aux MO d'évaluer pour tous projets les solutions en libre. Bref c'est l'outil concret qui permet de mettre en œuvre cette loi 133.
Quant aux comités, c'est peut-être vrais parfois. Ça n'est pas ce que je ressens sur le terrain - et ce sentiment est partagé par tous mes collègues/compétiteurs.

> 2) Le bilan des promesses électorales pousse clairement à la
> méfiance.
> L'engagement envers le libre, déjà dilué, était-il lui aussi un
> simple
> piège à électorat pour aller chercher les votes des militants du
> libre?
> En le contexte actuel, la question se pose très légitimement.

La-dessus, je te renvoie au programme officiel du PQ pendant la campagne électorale. Les promesses du PQ sur le libre se résumaient à créer un comité d'étude et étaient très (trop) prudentes. Ils sont allés, tu me l'accorderas, beaucoup plus loin.

> 3) Tout ce que tu as dit semble relever d'un relatif secret des
> dieux,
> jamais on entend parler de ça hors du cercle des entreprises dont tu
> fais partie. Comment un groupe citoyen peut alors considérer ces
> états
> de faits dans son bilan?

Peut-être j'ai formulé maladroitement cette aspect. Il n'y a pas de secrets des dieux ... et comme je l'écrivais, ma perception que les choses bougeaient vraiment et que les dossiers avançaient, était partagée par l'ensemble des intervenants extérieurs - j'ai donné la liste des représentants qui participaient. Ça représente plusieurs centaines d'entreprises. Toutes les décisions ont été annoncées publiquement au printemps par le ministre Bédard : le cell, les projets phares, et ce que l'on peut dire, c'est que c'est un ministre qui dit ce qu'il fait et qu'il fait ce qu'il dit.

Mais il est vrai que tout ça est en démarrage, qu'il y a plein de choses qui se passent et dont je (nous) ne suis même pas au courant. L’honnêteté voudrait que l'on dise qu'il est encore trop tôt pour faire un bilan mais que ça va dans la bonne direction.   


> 4) Au niveau des appels d'offres, on ne sent vraiment pas que du
> changement se réalise.
> 
> Voilà pourquoi j'ai l'impression qu'on a ici toute une recette pour
> que
> le constat négatif s'impose, avec les informations qui sont
> disponibles.
> Que penses-tu de ça, crois-tu qu'une meilleure transparence entourant
> l'évolution du libre à l'intérieur des entrailles gouvernementales
> aurait permis à FACIL de donner une meilleure note au gouvernement?
> Aussi, quels sont les projets qui bougent vraiment au sein de
> l'appareil
> public? J'aimerais te lire là-dessus.

Ce point mérite une réponse détaillée. Pour les appels d'offres, tu liras ce qu'écrit Facil dans son communiqué : « L'heure n'est plus aux simples dénonciations des appels d'offres contournés ou fermés aux logiciels libres ». C'est dommage comme position, et ça correspond effectivement à la nouvelle politique de FACIL : l'association a cessé toute action de dénonciation de ces appels d'offres. Ainsi cet été, j'ai été le seul à dénoncer l'AO scandaleux de la Ville de Montréal. Facil est restée muette. C'est dommage d'abord tactiquement, parce que c'est un sujet accrocheur qui permet à chaque fois de parler du libre et de ses valeurs. Mais c'est aussi dommage concrètement. En 2010, Facil avait dénoncé un AO de la STM et cette action (peu coûteuse,  juste un communiqué) avait eu un effet très concret et aujourd'hui la STM mène une politique très dynamique et très ambitieuse avec plein de projets en libre en son sein. Bref ce sont des actions qui font bouger réellement les choses. Mais après tout, c'est le choix de l'association. 
Sur la meilleure transparence, j'aimerais juste rappeler que Facil était devenu l'interlocuteur privilégié du PQ et du gouvernement et était étroitement associé à la concertation. Daniel Pascot avait d'ailleurs fait un bilan à la dernière AG (qui globalement allait dans le même sens que moi). Pourquoi Facil a cessé de participer à ces rencontres ? Je crois savoir que Facil n'a jamais été exclue mais c'est exclue elle-même.  Oui, la aussi, Facil, comme pour la question des AO, s'est désengagé, s'est coupé des liens avec les pouvoirs publics, s'est isolé dans ce qui m’apparaît être une belle tour d'ivoire déconnecté de la réalité. C'est facile alors de critiquer. C'est pourquoi j'ai parlé de sectarisme.
En fait malgré les apparences que donne le bilan publié, Facil a cessé de faire de la politique.
Sur les projets qui bougent et qui ont été annoncés publiquement, si Facil était présente à ces rencontres, elle le saurait.

Bien à toi.
Cyrille Béraud.



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